Conseils en investissement immobilier

Loi Pinel et bail commercial : tout ce qu'il faut savoir

La fin du Pinel, mais pas de la défiscalisation !

Le dispositif Pinel, qui a permis pendant des années à de nombreux français de réduire leurs impôts en investissant dans l'immobilier neuf, a tiré sa révérence au 31 décembre 2024. Cependant, il est toujours possible de bénéficier d'autres leviers pour optimiser sa fiscalité.

 

 

À ne pas confondre avec le dispositif Pinel introduit par la loi de Finances de 2015, et dédié aux investisseurs mettant en location des biens à titre de résidence principale, la loi Pinel du 18 juin 2014 concerne pour sa part les baux commerciaux. Et elle en a profondément réformé le cadre juridique ! Le point sur ses dispositions essentielles.

Baux commerciaux, de quoi parle-t-on ?

On appelle bail commercial le contrat de location qui lie juridiquement le propriĂ©taire bailleur d’un bien Ă  vocation commerciale ou artisanale (local, bureaux, entrepĂ´ts…) et son locataire occupant, reprĂ©sentĂ©, dans la majeure partie des cas, par une personne morale (sociĂ©tĂ©, association…). 
Pour conclure un bail commercial en loi Pinel, le locataire doit impĂ©rativement avoir un usage professionnel du local louĂ© : dĂ©velopper une activitĂ© commerciale, industrielle ou artisanale… 
A noter qu’il doit par ailleurs : 
  • ĂŞtre inscrit au registre du commerce et des sociĂ©tĂ©s, s’il s’agit d’un industriel ou d’un commerçant
  • ĂŞtre inscrit au rĂ©pertoire des mĂ©tiers, s’il s’agit d’un artisan

La loi Pinel pour les baux commerciaux

EntrĂ©e en vigueur le 18 juin 2014, la loi Pinel relative Ă  l’artisanat, au commerce et aux très petites entreprises vise Ă  mieux encadrer le rĂ©gime des baux commerciaux. Jusqu’à sa mise en place, les règles entourant la rĂ©daction d’un bail commercial Ă©taient en effet floues, voire inexistantes. La loi Pinel s’est donc attachĂ©e Ă  instaurer un cadre lĂ©gal minimum, de sorte que la rĂ©daction d’un contrat de bail demeure relativement libre, mais rĂ©ponde tout de mĂŞme Ă  quelques dispositions.
Mais quelles sont-elles ?

Loi Pinel : un état des lieux obligatoire des locaux

Alors que cette Ă©tape Ă©tait facultative, la loi Pinel a rendu obligatoire la rĂ©alisation d’un Ă©tat des lieux des locaux, Ă  l’entrĂ©e comme Ă  la sortie du locataire.
Avec cette mesure, le dispositif entend : 
  • dĂ©terminer sur une base fiable les travaux Ă  entreprendre, et mieux calculer leur rĂ©partition
  • crĂ©er un rĂ©fĂ©rentiel pour apprĂ©cier objectivement l’état du local lors dĂ©part du locataire. Car il faut savoir que ce dernier est tenu de restituer les lieux en bon Ă©tat
Les Ă©tats des lieux peuvent ĂŞtre rĂ©alisĂ©s Ă  l’amiable, le locataire et le bailleur s’entendant sur leur contenu. Mais ils peuvent Ă©galement ĂŞtre gĂ©rĂ©s par un huissier de justice, auquel cas les frais engagĂ©s seront rĂ©partis Ă©galement entre le bailleur et le locataire.
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L’évolution de la durée des baux commerciaux dans la loi Pinel

Autres mesures phares de la loi Pinel, les dispositions concernant la durĂ©e des baux commerciaux, autorisant dĂ©sormais la rĂ©siliation anticipĂ©e du bail Ă  l’initiative du locataire, l’interdiction des baux commerciaux fermes et prolongeant d’un an la durĂ©e des baux commerciaux dĂ©rogatoires.  

Loi Pinel et la résiliation anticipée des baux commerciaux

En principe, les baux commerciaux sont conclus pour une durĂ©e d’au moins 9 ans (article L. 145-4 du Code de commerce). Avant 2014, ils ne pouvaient ĂŞtre rompus avant Ă©chĂ©ance qu’à l’initiative du bailleur. 
Depuis l’entrée en vigueur de la loi Pinel, chacune des parties est désormais en droit de résilier le contrat de location par période triennale, sous certaines conditions (voir les baux commerciaux fermes interdits). Tous les 3 ans, bailleurs comme locataires peuvent donc rompre librement leur baux commerciaux.
Bon Ă  savoir
Si le locataire n’a pas besoin de motiver sa demande de résiliation, le propriétaire devra quant à lui s’acquitter d’une indemnité d’éviction. Il devra ainsi débourser une somme d’argent, censée dédommager le locataire du préjudice subi en raison du non-renouvellement du bail.

Loi Pinel : les baux commerciaux fermes interdits

La loi Pinel interdit par ailleurs la pratique dite “des baux commerciaux fermes”. Avant 2014, un bailleur pouvait mentionner au contrat de location une mention excluant la possibilitĂ© d’une rĂ©siliation anticipĂ©e par le locataire. 
Il n’est plus possible d’inclure une telle clause, sauf dans 4 cas prĂ©cis : 
  • si les baux commerciaux sont conclus pour une durĂ©e initiale supĂ©rieure Ă  9 ans ;
  • si les baux commerciaux portent sur des locaux Ă  usage exclusif de bureaux ;
  • si les baux commerciaux portent sur des locaux monovalents (locaux Ă  unique utilisation - article R. 145-10 du code de commerce) ;
  • si les baux commerciaux portent sur des locaux de stockage.

L’allongement de la durée des baux commerciaux dérogatoires

Avant la loi Pinel, les parties pouvaient signer un bail précaire de 2 ans. Une manière de contourner les règles relatives à la résiliation en cours de bail. Désormais cette durée est portée à 3 années. À son issue, le locataire doit quitter les lieux. Si, en accord avec le bailleur, il souhaite rester, un bail commercial de 9 ans devra obligatoirement être signé.

La supervision des loyers depuis la loi Pinel

La loi Pinel de 2014 a également apporté des précisions quant à la gestion des loyers perçus par le bailleur dans le cadre de ses baux commerciaux.

L’encadrement de la révision du loyer dans les baux commerciaux loi Pinel

La loi du 18 juin 2014 clarifie les règles encadrant la rĂ©vision des loyers en cours de bail commercial. Tous les 3 ans en effet, le bailleur comme le locataire peuvent demander une rĂ©vision du loyer (article L. 145-38 du Code de commerce), de manière Ă  ce que ce dernier corresponde le mieux possible Ă  la valeur locative du bien louĂ©. 
Pour fixer la valeur locative d’un bien immobilier, il faut suivre d’un processus prĂ©cis, basĂ© sur trois Ă©lĂ©ments : 
  • les caractĂ©ristiques du bien (sa surface, sa physionomie, son emplacement)
  • la destination des lieux
  • le prix des loyers du voisinage
Toutefois, pour Ă©viter une hausse brutale des loyers dans le cadre d’un bail commercial, la loi Pinel a introduit l’obligation de plafonner leur augmentation (article L. 145-38 du code de commerce). La loi prĂ©cise par ailleurs les deux indices sur lesquels indexer la hausse maximale du loyer : 
  • l’indice des loyers commerciaux (ILC) (utilisĂ© pour les activitĂ©s commerciales, artisanales et industrielles)
  • l’indice des loyers des activitĂ©s tertiaires (ILAT) (utilisĂ© pour les professions libĂ©rales, entrepĂ´ts logistiques, …)
Bon Ă  savoir
La loi Pinel exclut l’indice du coût de construction (ICC) des calculs de plafonnements légaux des loyers dans le cadre d’un bail commercial.

La réglementation du déplafonnement des loyers avec la Loi Pinel

Par ailleurs, une disposition de la loi Pinel (article L. 145-34 du Code de commerce) réglemente le déplafonnement des loyers au moment de l’échéance du bail commercial.
Lorsque le bail commercial touche à sa fin, il fait l’objet, dans la majorité des cas, d’un renouvellement tacite. Normalement, le plafonnement des loyers subsiste, et le loyer augmente raisonnablement. Toutefois, si la croissance de valeur locative du bien loué est importante, le bailleur est en droit de déplafonner le loyer. Avec la loi Pinel, un garde-fou existe néanmoins : l’augmentation des loyers doit se limiter à 10% par année.

La répartition des charges et des travaux : un impératif des baux commerciaux depuis la loi Pinel

La loi Pinel impose de prĂ©ciser dans les baux commerciaux la rĂ©partition des charges et des travaux entre bailleur et locataire. 

La répartition des charges

Selon la loi Pinel, les baux commerciaux doivent comporter un inventaire précis et détaillé, faisant état des charges, des impôts, des taxes et des redevances relatifs au bien loué. Cet inventaire doit également préciser la clé de répartition des charges entre le propriétaire bailleur et son locataire. Il est renouvelable annuellement, le propriétaire bailleur étant dans l’obligation de prévenir son locataire du montant des charges qui lui sont imputables sur l’année.
Bon Ă  savoir

Certaines charges restent légalement et intégralement supportées par le propriétaire. Elles sont précisées dans le décret n° 2014-1317 du 3 novembre 2014.

La répartition des travaux

Selon la loi Pinel, au moment de la signature des baux commerciaux et tous les 3 ans ensuite, les bailleurs sont dans l’obligation de prĂ©senter au locataire un Ă©tat de lieux et un Ă©tat prĂ©visionnel des travaux. L’état des lieux prĂ©cise les travaux entrepris dans les 3 dernières annĂ©es, leur coĂ»t et la rĂ©partition de leur prise en charge entre locataire et bailleur. L’état prĂ©visionnel recense quant Ă  lui tous les travaux futurs, et prĂ©cise leur coĂ»t respectifs.   
Il faut savoir que la répartition des coûts n’est pas complètement libre puisqu’un décret limite les catégories de travaux pouvant être mises à la charge du locataire (article R. 145-35 du Code de commerce). Les gros travaux relèvent, pour leur part, de la responsabilité du bailleur, même si celui-ci peut imposer en contrepartie une série d’obligations au locataire.

Le droit de préférence en matière de baux commerciaux loi Pinel

Lorsqu’un propriĂ©taire bailleur souhaite mettre en vente son bien commercial en cours de bail, son locataire dispose, depuis la loi Pinel, d’un droit de prĂ©emption, aussi appelĂ© “droit de prĂ©fĂ©rence” (article L. 145-46-1 du code de commerce). Cela signifie que le locataire doit ĂŞtre informĂ© en prioritĂ© de la vente du bien commercial qu’il loue, par lettre recommandĂ©e avec accusĂ© de rĂ©ception (ou par voie d’huissier). Il a alors un mois Ă  compter du jour oĂą il a Ă©tĂ© averti de la mise en vente pour faire jouer son droit de prĂ©fĂ©rence, c’est-Ă -dire ĂŞtre prioritaire pour l’acquisition du bien. 
A noter qu'au-delà de ce mois, si le propriétaire baisse son prix de vente et fait une proposition plus avantageuse à un tiers, il doit de nouveau en informer son locataire qui dispose alors d’un délai supplémentaire pour se prononcer.

En résumé

Qu'est-ce qu'un bail commercial ?

De manière simplifiĂ©e, un bail commercial est un contrat de location qui concerne un bien immobilier Ă  vocation commerciale ou artisanale. Les deux parties signataires sont : 
  • le propriĂ©taire bailleur
  • le locataire qui doit justifier de son statut professionnel et de son usage professionnel du bien

Qu'est-ce que la loi Pinel ?

La loi Pinel du 18 juin 2014 relative à l’artisanat, au commerce et aux très petites entreprises est un texte de loi instaurant un cadre légal à respecter lors de la rédaction des baux commerciaux.
Cette loi n’est pas Ă  confondre avec le dispositif Pinel de dĂ©fiscalisation. Souvent appelĂ© lui aussi loi Pinel, il est dĂ©diĂ© uniquement aux investisseurs immobiliers mettant leur logement en location Ă  usage de rĂ©sidence principale. Cet investissement offre une bonne rentabilitĂ©, et s’avère particulièrement avantageux pour les investisseurs dĂ©sireux de rĂ©duire leur impĂ´t sur le revenu. IntĂ©ressĂ© ? Faites une simulation loi Pinel !

Loi Pinel et bail commercial : quelles sont les mesures mises en Ĺ“uvre ? 

La loi Pinel constitue une avancĂ©e pour les parties contractant un bail commercial. Elle a notamment mis au clair : 
  • l’obligation de procĂ©der Ă  un Ă©tat des lieux d’entrĂ©e et de sortie
  • les modalitĂ©s de rĂ©siliations anticipĂ©es des baux commerciaux, l’interdiction d’introduire des baux commerciaux fermes, l’allongement du bail dĂ©rogatoire
  • les modalitĂ© d’encadrement des loyers et la rĂ©glementation du dĂ©plafonnement en fin de bail
  • les clĂ©s de rĂ©partition des charges et du coĂ»t des travaux
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